Voyager, c'est demander d'un coup à la distance ce que le temps ne pourrait nous donner que peu à peu.
Paul Morand

jeudi 21 février 2008

CAMBODGE: 17 Avril 1975, ANNÉE 0...

Comme tout "bon"révolutionnaire, Pol Pot et ses Khmers Rouges furent tentés par le truc du nouveau calendrier.
Une année zéro, quand ils prirent le pouvoir après des années de guerre civile, avec comme volonté l'édification d'une société essentiellement agricole et une idéologie communiste poussée dans ses retranchements les plus extrêmes.
Une année zéro, finalement non comme un commencement et un renouveau mais comme l'annihilation, le massacre d'un peuple et la destruction d'une culture...

Nous connaissions bien sûr les noms de Pol Pot et de Khmers Rouges mais je n'y associais pas ceux de tortures, extermination des intellectuels et migrations massives et forcées des populations vers les campagnes !

Les villes furent vidées (évitant ainsi toute organisation contestataire), paysans et citadins logés à la même enseigne : 15 heures de travail forcé par jour à repiquer du riz, construire digues et barrages pour assurer les besoins alimentaires du pays.
Mais tout ceci s'avéra inefficace et aux victimes des exécutions sommaires s'ajoutèrent celles qui tombaient par famine, dysenterie et malaria...
En même temps qu'il s'en prenait à la population Khmère, le régime totalitaire de Pol Pot entama une épuration sanguinaire au sein même de son parti (extermination des khmers rouges pro-vietnamiens et pro-royalistes).

Entre 75 et 79 (prise de Phnom Penh par les vietnamiens) on dénombrera plus de 2 millions de victimes.

En entrant au Cambodge nous sommes aussi entrés dans une histoire sombre, aussi sombre que les cambodgiens sont lumineux et souriants, comme à 1000 lieues de cette tragédie qui les a frappés si durement !

Encore en 94, des touristes se faisaient kidnapper et tuer par des KR qui retranchés près de la frontière thaïlandaise n'ont jamais vraiment cessé de combattre.
Si désormais s'en est fini du régime de Pol Pot, quelques anciens partisans KR sont encore présents sur la scène politique cambodgienne et corruption et luttes intestines sont encore d'actualité.
Cette tragédie est si récente qu'on ne peut que se demander, en répondant aux nombreux sourires, si notre interlocuteur est un ancien tortionnaire de la prison S-21 ou le seul survivant d'une famille de 30 personnes ?..
On parcourt donc le pays avec son histoire en tête, de Phnom Penh aux temples d'Angkor et de Battambang à Kompong Chnang.

A Phnom Penh nous débarquons dans une ville inanimée, ce n'est pas l'année zéro, juste celle du rat! Les chinois qui tiennent la plupart des commerces sont en vacances, nouvel an oblige.
On ne s'attarde donc pas. (une ville sans chinois c'est pas drôle finalement...)




Comme des sales gosses impatients d'ouvrir le plus gros cadeau le lendemain de noël, nous filons vers Angkor, la grosse attraction du pays.

A 5h00 du mat', le cul sur la selle du vélo, on avale les km qui séparent Siem Reap d'Angkor, excités comme deux jouvencelles attendant leur premier rendez-vous!


Bon forcément, c'est là qu'ils sont tous les chinois, et là, Angkor avec des chinois c'est pas drôle ! Ils squattent toutes nos photos, à 40 ou tout seul, le V de la victoire au bout des doigts ou mimant, depuis le sol, l'escalade ardue d'un temple...

Angkor est un site unique au monde, berceau de la civilisation khmère qui étendait alors son royaume de la Birmanie au Vietnam de 800 à 1400.

A son apogée, Angkor comptait 1 million d'habitants contre 50000 à Londres à la même époque.


Le site comprend des centaines de temples répartis sur des km2, nous y passons 3 formidables journées conquis par la beauté, l'atmosphère unique et la démesure de certains temples.
Comme en face du Taj Mahal, on se sent insignifiants devant de telles constructions.


















Mentions spéciales aux Bayon et ses figures énigmatiques, au Ta Prhom dévoré par la jungle et à l'Angkor Vat, le plus grand édifice religieux du monde!
















On quitte ce monde révolu pour un lac poissonneux à souhait, le Tonlé Sap.
On rejoint Battambang en bateau, dévorant des yeux les rives pleines de vie, les villages flottants, les pêcheurs, les écoliers en barque et les innombrables oiseaux.















A Kompong Chnang, on se régale encore à observer l'activité qui règne en bord de rivière, outre la pêche, le "fumage" (maître Capello es-tu là ?) des menues prises, les gamins qui nous harcèlent de leur Hello et les femmes en krama qui décortiquent le poisson à la machette avec une dextérité surprenante, nous enchantent.















S'il n'y avait pas la nuit qui tombe et les moustiques qui accourent, on aurait bien du mal à nous arracher à la contemplation de ce spectacle...

Avant d'aller dormir, on se régale de sandwiches locaux, pâté et papaye verte, et on achète notre kilo de fruits quotidien, longanes, ramboutants et jack fruit...
David s'est mis à fumer des Alain Delon, "the taste of france", espérons que le faible coût du paquet ne cache pas un vice de fabrication et qu'il ne se mette pas à parler de lui à la 3eme personne du singulier...



Nous quittons le Nord du pays pour la région côtière, reste juste à repasser par la capitale, espérons que Phnom Penh aura récupéré ses rues animées!...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo pour votre minute culturelle !
Bon week end sur votre île entre le ciel et l'eau....tranquille comme un enfant qui dort....à regarder s'écouler lentement le temps qui passe... Bon voilà que je m'y crois.
Bisous à tous les deux..Mum&dad

Anonyme a dit…

merci pour ces jolies photos...
bonne continuations
je vous embrasse bien fort
titpom66

Est-ce que vous êtes là??!