Voyager, c'est demander d'un coup à la distance ce que le temps ne pourrait nous donner que peu à peu.
Paul Morand

mardi 18 décembre 2007

Le Tibet


Nous nous sommes beaucoup interrogés sur le fait de nous rendre au Tibet ou non...
Comme chacun sait, le pays a été envahi et intégré à la république populaire de Chine en 1951, et ces derniers appliquent un racket scandaleux à tout touriste désireux de visiter le pays des neiges.




Il nous fallait alors choisir entre renoncer à financer l'expansion chinoise ou enfin découvrir par nous-mêmes et se faire une idée de la vie tibétaine de nos jours.

Le Dalaï-lama interrogé sur cette question il y a quelques années, avait fait une réponse sans ambiguïté "qu'une partie des dollars des touristes aille aux chinois ne me pose pas de problème, je préfère que de nombreuses personnes visitent le Tibet, voient par elles-mêmes l'oppression chinoise et qu'elles témoignent à leur retour".


Nous avons donc choisi la deuxième option et témoignons à présent.
Nous constaterons dès nos premiers pas au Tibet que l'emprise chinoise sur le pays est indéniable jusqu'à Internet, qui sous leur censure, ne nous permet pas d'avoir accès au blog !!
Beaucoup de retard et donc un long roman à suivre (ma mère est mise à contribution pour la retranscription depuis la France, pays des droits de l'homme rappelons-le !)


C'est donc en groupe (condition indispensable à l'obtention du visa tibétain), cheminant avec nos gros sacs, entre les centaines de camions étroitement garés les uns près des autres qui attendent eux aussi de passer d'un pays à l'autre, que nous arrivons à la frontière...


Ici le contraste avec le Népal est saisissant, la bannière rouge flanquée de l'étoile jaune flotte au-dessus de nos têtes, et les soldats chinois, de par leur stature et leur uniforme, rappelleraient à nos aïeux de bien mauvais souvenirs d'une autre guerre...

Juchés sur des estrades, ils étudient les files de personnes désireuses de passer la frontière et après nous avoir questionnés sur notre état de santé (prise de température avec une sorte de pistolet à infra-rouge braqué sur le front), avoir subis un double contrôle de nos passeports et un passage des bagages aux rayons X, nous voilà bien hélas arrivés en territoire chinois.
Le "first time in china ?" interrogateur des officiers gâche notre joie de nous trouver enfin au Tibet.
Notre euphorie c'est bien vite teintée de tristesse...

L'arrêt à la première ville près de la frontière, Tsongdu où pullulent magasins de portables et d'objets chinois en tout genre, ne nous réconcilie pas avec les envahisseurs, nous désespérons d'apercevoir des faciès tibétains !

9 heures de jeep plus loin, nous franchissons les premiers cols, hérissés des drapeaux à prières. Nous crions "lha gyalo, de tamtche pam" (les dieux triomphent, les démons sont vaincus) comme les tibétains le font en franchissant ces passes.

Les paysages sont lunaires, les montagnes à nues, juste quelques cimes enneigées et l'Everest plus proche que nous ne l'ayons jamais vu, véritable cadeau de la journée !



On avale les km de cette horrible "friendship hightway" fraîchement goudronnée (hypocrite autoroute de l'amitié qui relie KTM à LHASSA) pour rejoindre SHIGATSE et GYANTSE.
Les villes tibétaines ont toujours cette dichotomie marquante, la ville chinoise impersonnelle bordée de grandes avenues tirées au cordeau où toutes sortes d'échoppes fleurissent, puis la ville tibétaine, vieille, authentique et primordiale, toujours fichée dans les jupes des monastères.
On s'amuse enfin à déambuler dans les rues, croisant yaks, chevaux à clochettes tirant de petites charrettes et enfin des tibétains expressifs et souriants !!


Les "Tashi dile" remplacent les "Namasté".
Privilégiant les commerces tibétains aux commerces chinois, nous nous retrouvons dans des cantines et gargotes où nous baragouinons nos premiers mots tibétains.
C'est la première fois que nous visitons un pays où la barrière de la langue est si forte et si palpable, ici personne ne parle anglais et c'est devant une assistance mi-rieuse, mi-curieuse mais toujours prompte à aider que nous nous régalons de momo, thukpa et thé tibétain.



Les ensembles monastiques de ces deux villes sont magnifiques!!
L'atmosphère y est bien particulière, dans les stupas dorés où sont enfermés les corps des panchen-lama, ça sent bon le beurre de yak qui sert à allumer les mèches d'amadou pour les prières.
Dans les coursives, déambulent des moines bouddhistes, certains courent pour ne pas rater l'office, d'autres passent portable à l'oreille.

La situation a bien changé dans les monastères.


Depuis l'invasion chinoise, ces derniers qui étaient financés par les dons de la population, sont désormais sous la coupe chinoise et certains moines deviennent même des fonctionnaires du gouvernement...
La religion est ici l'opium du peuple, avec cette main mise, les chinois tentent de s'assurer de sa non-émancipation!

Nous qui adorons les voyages en groupe, tombons heureusement sur des personnes des plus sympathiques et de toutes nationalités.
De plus, liberté nous est donnée de nous échapper à loisir pour errer dans les rues et c'est en répondant à l'invitation d'une jeune tibétaine que nous avons enfin l'occasion de pénétrer dans une habitation typique.

Tout en nous montrant sa dextérité au métier à tisser, elle nous régale de thé salé au beurre de yak et de tsampa (farine de grains d'orge grillés), quelques minutes magiques où nous regrettons une fois de plus l'obstacle de la langue!

Voilà pour l'éden, le lendemain l'ambiance se corse. Sur le trajet qui nous mène de bon matin vers Lhassa, notre chauffeur (ensommeillé et décuvant probablement les Lhassa beer bues la veille) manque de nous précipiter dans le fossé!
Nous tentons de rester calmes (c'est les vacances quand même) mais après un 2ème écart, le conflit éclate définitivement et, sous la pression, le guide nous change de véhicule...
Ce n'est donc pas d'humeur joviale que nous arrivons dans la capitale et celle-ci se dégrade davantage à la vision de cette Lhassa qui encore moins que les autres n'a échappé à la réorganisation chinoise....

Ville aux contrastes violents, elle manque presque de noyer le Potala qui, joyau sur son roc, veille impuissant sur sa ville défigurée.

Lhassa, 1 200 000 habitants dont la moitié de chinois (encouragés par le gouvernement à s'installer là pour étouffer un peu plus la culture tibétaine) n'est pas une ville pittoresque.
Seul le quartier du Bharkor, encerclant le Jokhang, résiste difficilement au saccage.

Le Jokhang est un des temples les plus sacrés et le plus ancien du Tibet, autour duquel les pèlerins tournent inlassablement dans le sens des aiguilles d'une montre et s'inclinent 108 fois (nombre de perles à leur chapelet) priants dans un murmure.
Ce temple abrite le Jowo, statue du Bouddha dans sa forme de gloire.
Pouvoir la contempler une fois dans sa vie est le souhait le plus cher de tout tibétain ainsi assuré d'une réincarnation dans un état supérieur.

Malgré la corruption monastique et la révolution culturelle chinoise,les tibétains font preuve d'une ferveur religieuse impressionnante, et les voir se précipiter, courant, se bousculant et criant devant le Jowo, comme si c'était une "rock star" en est un exemple émouvant.


Le Potala, ancienne demeure du Dalaï-lama en exil, est dorénavant une coquille vide, un musée où tout est orchestré par les chinois.
La visite n'est pas inoubliable, mais c'est quand même une chance de visiter ce lieu qui sera apparemment inaccessible dès l'année prochaine par, encore et toujours, décision chinoise...

18 décembre, nous nous retrouvons à nouveau seuls. Fini les hôtels de luxe et l'eau chaude, retour à la débrouille!

3 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai fait pour le mieux (les photos illustrant le sujet arriveront plus tard).
Mille pensées affectueuses vous accompagnent...

Anonyme a dit…

bonjour a vous deux
J espere que malgre cette oppression chinoise,la nature elle vous reconcilie avec ce peuple jonché sur ce toit du monde qui est si pure et si eternelle.
Vous comprenez pourquoi mon choix de ne pas etre monter la haut.
Bon je vous souhaite bonne route et sachez profiter de chaque moment de cette nature et sachez que vous allez finir cette chine par le Laos qui est un havre de paix et de bonheur pour l instant mais qui comme toute chose se degrade par cette main de l homme .
Gros bisous a vous et a tres bientot.
Et oui moi en france heuresement que c est noel car sinon j aurai bien voulue vous rejoindre,mais bon peut etre en amerique du sud si dieu le veut.
Bonne route et gardez le sourire tout le temps

Anonyme a dit…

Salut les Touristes!
Mon Dieu que l'on se sent petit et inculte devant vos récits merveilleux à travers ce monde qui nous entoure et que l'on connaît finalement si peu!
Vous voilà parti depuis à peine plus d'un mois et déjà, à vous lire, vos premières embûches qui se présentent à vous pauvres Français!!!
En tous les cas vous sortirez forcément grandis de cette expérience pleine de magie et de surprises ; on ne peut que vous souhaiter plein de bonnes choses sur les prochaines terres à découvrir!!!
Et surtout, en ce 19 décembre un Joyeux Noël qui s'offre à vous au Tibet!!!
On reviendra dans quelques jours pour nos voeux de bonne année 2008!!!
Il faut dire qu'ici, sous le froid Toulousain, les journées se suivent et se ressemblent!!!
Rien de bien palpitant!!!
Alors profitez de chaque instant loin de nous à explorer des univers diamétralement opposés au notre!!!
Bonne santé et à très bientôt les cocos!!!
La Radio du Cours Dillon

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